Qu'est-ce qu'un DOE numérique BIM ?
Le DOE numérique BIM est un dossier des ouvrages exécutés dont les données sont enregistrées sous la forme d’une maquette numérique. Il est livré au maître d’ouvrage à la fin du projet de construction et ses informations doivent être conformes à la réalité du chantier pour décrire un bâtiment : « tel que construit ».
Qu’est-ce qu’un DOE dans le secteur du BTP ?
Le DOE est un ensemble de documents qui décrit en détail la construction livrée. il permet donc la prise en main de l’actif immobilier et facilite sa future exploitation. D’autre part, en cas de sinistre, celui-ci est très utile pour le travail des experts et effectuer les démarches nécessaires auprès de l’assureur.
Selon l’article 40 du cahier des clauses administratives générales (CCAG) des marchés publics de travaux, le DOE comprend notamment : « les plans d’exécution conformes à la réalisation, les fiches techniques des matériaux et produits mis en œuvre, les spécifications de pose, les notices de fonctionnement, les prescriptions de maintenance des éléments d’équipement mis en œuvre, les conditions de garantie des fabricants attachées à ces équipements, ainsi que les constats d’évacuation des déchets et les documents nécessaires à l’établissement du dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO) préalablement validés par le maître d’œuvre ».
Cependant, ce sont les documents particuliers du marché qui définissent la liste exhaustive des éléments attendus. Il peut être demandé par exemple : les éventuels avis techniques ou appréciations techniques d’expérimentation (ATEx) requis pour le projet.
Qui fournit le DoE ?
Chaque entreprise titulaire d’un lot doit fournir, en plusieurs exemplaires, son propre DOE : à la fin de sa prestation ou à la livraison de l’ouvrage.
Comment faire un DOE à la fin d’un projet DE CONSTRUCTION ?
- Les entreprises qui réalisent les travaux doivent compiler l’ensemble des documents de fabrication, les plans d’exécution et les plans d’ateliers (mis à jour selon les installations définitives) ainsi que l’ensemble de la documentation relative aux matériaux semi-finis, finis et composants intégrés dans l’ouvrage.
- Ensuite, la MOE réceptionne le dossier. Elle vérifie la complétude de celui-ci, ainsi que la concordance entre les pièces fournies et les ouvrages réalisés (ou composants installés) dont elle a eu la responsabilité lors de la mission de direction de l’exécution des travaux.
- Enfin, la MOA valide la réception de chaque document. Elle transfère les informations aux exploitants, mainteneurs multitechniques et autres intervenants multiservices.
De plus, la MOA est responsable de l’archivage, ainsi que de la mise en place du processus de mise à jour de la documentation (en fonction des interventions réalisées tout au long de la vie du bâtiment).
Le DOE remis sous format électronique
À l’heure actuelle, l’article 40 du CCAG TRAVAUX, définit les conditions de la transmission électronique du DOE. ATTENTION, ceci n’implique pas directement le DOE BIM, mais cela permet d’avoir une perspective sur le périmètre que celui-ci pourrait avoir dans le futur.
Le CCAG précise deux caractéristiques :
- Premièrement, si le DOE est transmis sous format électronique, la maîtrise d’ouvrage doit définir les conditions techniques de cette transmission. Cela concerne notamment le format des fichiers remis. En effet, le DOE doit être fourni dans un format directement compatible avec les softwares de la maîtrise d’œuvre qui réalise une vérification, ainsi que ceux de la MOA.
- Deuxièmement, celui-ci doit être transmis en tenant compte des contraintes en matière de sécurités et pérennités de la data.
Comme nous le constatons, cette solution permet à la MOA d’avoir en fin de cycle de construction accès aux informations de son actif sous forme électronique. Néanmoins, pour obtenir une data exploitable, la MOA est obligée de préciser les modalités de livraison dans les documents particuliers du marché. Dans ces conditions, le DOE remis sous format électronique peut rester dans le cadre de la fourniture de plans et documents divers sur des supports permettant aux maîtrises d’ouvrage et autres intervenants du secteur BTP de les lire.
Le DOE numérique BIM
Celui-ci n’a pas d’existence réglementaire, ce qui implique qu’il faut bien le définir et le délimiter à chaque contrat. Plusieurs organisations travaillent sur son encadrement, dont le Plan BIM 2022. Ainsi, de nombreuses expériences ont été menées depuis 2014 pour tenter de standardiser sa formulation.
Ce DOE va bien plus loin qu’un dossier remis sous format électronique. En effet, quand ce dernier est remis sous format électronique, le CCAG se limite à caractériser la remise de documents sous des formats accessibles. En revanche, le DOE BIM prend la forme d’une base de données structurée et documentée permettant de décrire l’ensemble des lots du projet.
Il ne s’agit pas ici d’une compilation de plans PDF, mais bien d’un travail de description des ouvrages permettant au client d’optimiser les usages dans la phase d’exploitation et ainsi réduire ses coûts pour la gestion de son patrimoine.
Un DOE BIM contient d’abord des maquettes, nous pouvons aussi parler d’une seule maquette numérique en tant que résultat de la fédération de plusieurs modèles. Chaque maquette numérique est généralement rendue en utilisant un format de fichier IFC, ceci permet aux acteurs du projet d’utiliser une grande variété de softwares. De plus, les maîtrises d’ouvrage pourront, plus facilement, utiliser les progiciels d’exploitation de leurs choix.
Le cahier des charges BIM définit la forme et le fond de la data à livrer. En ce qui concerne la forme, c’est le format des fichiers et le schéma conceptuel de données qui décrit la structuration de l’information. En matière de « fond », les informations requises par la MOA aidé de son AMO-BIM sont définies dans le cadre d’un Tableau des Niveaux de Développement (TND) qui est une annexe contractuelle importante du cahier des charges. L’équipe responsable du BIM management devra contrôler la conformité des maquettes DOE aux exigences de la convention BIM, cette dernière étant une réponse au cahier des charges.
La modélisation de chaque maquette BIM aura lieu au plus tard pendant la phase d’exécution. L’objectif du Building Information Modeling peut être, par exemple, de faciliter les études de synthèse technique et architecturale. Par ailleurs, il est important que toutes les maquettes d’un bâtiment, d’un lot ou d’une zone soient régulièrement mises à jour pour suivre les modifications terrain arrivant pendant l’exécution des travaux.
Une maquette BIM (Building Information Model) contient trois grands types de données :
- Des données géométriques : celles-ci permettent la visualisation 3D des objets. Ainsi, il est possible de prendre directement des côtes sur une maquette, ou encore automatiser la détection des conflits entre objets. Le niveau de précision pour ces données est déterminé par un niveau de détails géométriques requis : NDG ou LoG (pour Level of Geometry).
- Des données alphanumériques incluses dans les objets.
- Enfin, nous pouvons citer une sous-catégorie des données alphanumériques : les chemins d'accès qui permettent de relier les objets BIM à des documents (comme des fiches techniques, par exemple).
À partir des maquettes BIM, les entreprises pourront fabriquer une partie des pièces graphiques et des pièces écrites constituant aussi ce dossier des ouvrages réalisés pendant le chantier . Ainsi, le DOE BIM ne se résume pas exclusivement à des maquettes, mais peut inclure aussi : des plans, des détails techniques et nomenclatures descriptives issus de ces maquettes. Ces documents sont souvent livrés sous des formats de lecture comme le PDF, ou encore des formats modifiables comme : DWG, DOCX ou XLSX.
Jumeau numérique du bâtiment
Les maquettes numériques décrivent d’abord le projet, puis le bâtiment construit et livré. La MOA doit s’assurer d’un suivi de l’information concernant toutes les prestations exécutées pendant la phase travaux. En effet, le sujet de la fiabilité de l’information, par rapport aux ouvrages exécutés « concrètement », est fondamental pour bien encadrer le lancement des opérations nécessaires à l’exploitation de l’actif immobilier.
Cependant, les documents et modèles BIM ne seraient qu’une description du projet livré, si l’information n’arrivait pas, à travers la mise en place d’un processus spécifique, à s’intégrer dans la supervision de la Gestion Technique Centralisée (GTC) ou de la Gestion Technique du Bâtiment (GTB). Dans ce cadre, nous dépassons largement les enjeux habituels de la gestion des documents sur un support papier. Nous gérons, ici, l’intégration d’une information de qualité dans des logiciels de gestion comme des superviseurs, des hyperviseurs, des BOS (Building Operating System) ou des progiciels de GTPAO et de GMAO.
En conséquence, ces systèmes permettent d’accéder à une gestion active du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie, à travers le management d’une donnée fiable, formulée sur la base d’objets virtuels qui interagissent avec la réalité. L’objectif est de fabriquer un vrai jumeau numérique de l’actif immobilier qui incluent à la fois : de la data statique (provenant de chaque maquette numérique) et un ensemble de systèmes de gestion dynamiques. Ce jumeau numérique n’est pas seulement un regroupement de données ou une compilation documentaire : il est un centre de gestion technique transversale du bâtiment et une brique de la démarche Smart City. En outre, le concept de jumeau numérique permet d’ouvrir les bâtiments à une grande diversité de solutions de pilotage et de mutualisation des usages. L’actif immobilier devient donc un organe, une entreprise, qui s’interface (entre autres choses) dans un cycle de gestion de l’énergie plus large à l’échelle du quartier ou de la ville.